L’euro oscillait à près de 1,25 $ au début de l’année, mais s’est ensuite considérablement déprécié pour atteindre 1,13 $ à la fin du mois d’octobre. La devise s’est un peu ressaisie au cours des derniers jours et vaut actuellement un peu plus de 1,14 $.

Le retour de craintes à l’égard de la dette italienne figure parmi les principaux éléments ayant contribué à la dépréciation de la monnaie unique. Ces craintes, qui alimentent aussi un risque d’éclatement de la zone euro, se sont manifestées à partir du mois de mai avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de coalition réunissant deux partis généralement critiques à l’endroit des institutions européennes. Il s’agit du Mouvement 5 étoiles de Luigi Di Maio et de la Ligue du Nord de Matteo Salvini. Ces derniers se sont mis d’accord sur un budget comportant des dépenses supplémentaires et un déficit plus élevé. La Commission européenne n’a toutefois pas donné son aval à ce budget, de sorte que l’Italie s’expose maintenant à une pénalité qui pourrait atteindre 0,5 % de son PIB.
Outre la situation en Italie, la faible croissance économique dans la zone euro pénalise aussi la devise commune. L’année 2017 avait été une année faste pour l’économie, ce qui a amené la Banque centrale européenne à réduire ses achats d’actifs. Ces achats devraient cesser à la fin de cette année et une première hausse des taux d’intérêt directeurs est signalée vers la fin de l’été prochain. Ce scénario apparaît maintenant moins probable aux yeux de plusieurs investisseurs.
La menace protectionniste américaine n’aide en rien la situation. En plus de soutenir le billet vert contre la plupart des monnaies, c’est la croissance économique européenne qui est menacée de ralentir davantage. La situation est particulièrement préoccupante en Allemagne où l’importante industrie automobile pourrait devoir assumer de nouveaux tarifs douaniers américains. Enfin, les négociations difficiles entourant le Brexit et la plus forte volatilité sur les marchés financiers sont d’autres éléments défavorables à l’euro. Récemment, les négociations sur le Brexit semblent avoir débloqué, ce qui a d’ailleurs soutenu l’euro. Quant à la volatilité des marchés, l’appétit pour le risque reste faible, ce qui avantage encore le dollar américain.
Prévisions de l’euro
Nous croyons encore que l’euro pourrait remonter aux environs de 1,16 $ US d’ici la fin de l’année et s’apprécier à plus de 1,20 $ US d’ici la fin de 2019.
Ce scénario apparaît toutefois plus incertain et plusieurs choses devront s’améliorer, à commencer par les données économiques. La confirmation d’une entente surle Brexit serait un pas dans la bonne direction, de même qu’une diminution de la menace protectionniste américaine. On peut aussi espérer un regain d’appétit pour le risque sur les marchés financiers. Il apparaît cependant moins probable que la situation en Italie se résorbera complètement à court terme. Un ton plus conciliant de la Commission européenne ou une ouverture pour certains ajustements budgétaires en Italie seraient néanmoins positifs pour l’euro.
Rédigé par Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins, Études économiques, le 06/11/2018 modifié le 06/11/2018 – 18:51