Il n’est pas facile d’accepter sur le champ que les deux tiers d’un trading réussi ne sont dû qu’à sa propre capacité personnelle. Autrement dit, que son potentiel psychique a réellement joué un rôle important, sinon indispensable dans la réussite de ces opérations. Le dernier tiers n’était que l’opportunité de marché ou une piste d’informations fructueuse.

Quelle que soit, la méthode, la technique graphique, un « coup d’éclat », une intuition, une piste, un calcul rationnel, l’expert sait que la fonction mentale – les modes émotionnels en font partie – n’est pas la « cinquième roue de la charrette » mais bien le facteur essentiel du vrai trading gagnant sur tous les termes, courts, moyens, longs. Mais aussi sur toutes les techniques – et principalement l’analyse graphique – et tous les modèles de stratégie de gestion.
Le problème crucial dans le phénomène de cette « psychologie du moi » est que l’on ne s’aperçoit pas de son importance, de cette faculté que tout à chacun peut cultiver comme celle d’apprendre à lire. D’en faire un outil performant. Elle porte un nom et je l’appelle: l’Auto-anayse trading (AAT). Après une expérience appréciable, de déboires, d’échecs, de maladresses, d’erreurs de calculs ou de lectures, de confusions, le trader commence à percevoir un signal qui s’allume en lui-même. Il n’est pas reconnu au premier abord puis certains traders finissent par le discerner. Le temps et l’exercice, la réflexion, leur intuition, et les décisions associées à leurs feedbacks, leur font comprendre qu’un facteur principal intrinsèque joue un rôle essentiel dans la « vie du trading ». L’effort de reconsidérer le « moi-même en situation en temps réel », sera soit le principal barrage soit un levier puissant dans ses opérations de mise en échec ou de mise en réussite.
C’est une conclusion d’une extrême importance; vitale, pour un trader ou un investisseur, qu’il n’apprendra dans aucune école sauf celle du marché et de ses propres recherches hors de ce dernier. Ces recherches ne doivent pas se cantonner aux seules lectures mais aussi sur un véritable travail psychologique.
Certains traders qui ont discerné cette dimension psychique du « moi en action », essaient de pratiquer ce travail, de s’exercer pendant le trading, ce qui est une erreur, extrêmement coûteuse et même ruineuse. Mieux vaut le faire hors le marché et revenir sur celui-ci pour appliquer ses découvertes, ses progrès de l’auto-analyse, dans ses stratégies de décisions.
Beaucoup de débutants ou même professionnels, n’y survivent pas, ils sont « étouffés » avant de boucler cette expérience du HUIT (la double boucle de l’expérience acquise: du marché et de l’auto-analyse), qui est de travailler « dans le marché avec soi-même ».
Pour vous donner une métaphore; imaginez que vous êtes dans un avion et que vous vouliez décoller, il vous faut une longueur de piste incompressible mais aussi une certaine vitesse. En bout de piste vous avez un précipice. Si la piste (votre capacité en capital) est trop courte et votre vitesse est trop faible (le temps d’acquisition de votre double expérience, le Marché et l’Auto-analyse) vous allez droit dans le précipice.
Un exemple concret: un trader qui a atteint ce niveau d’auto-analyse, ne fait aucun trading ou reste un simple observateur car il « ne sent pas » ce jour-là; il garde alors avec cette discipline dont il s’est lui-même construit les règles, qui est de « ne rien faire » quelles que soient les opportunités du Marché « ce jour sans conviction », « sans cette sensation opératoire qu’il reconnait ». Il sait que toute opportunité du Marché pourrait se présenter mais sans cette sensation de réussite qu’il sait percevoir en lui-même, ses actes risquent de lui porter préjudice. Il « sait » qu’il ne gagnera pas sur le marché où il opérera avec une grande perte d’énergie nerveuse et une dépense de frais de courtage avec au mieux un résultat pertes et profits égal à zéro.
La trading ne peut se passer de l’Auto-analyse, à chaque moment, à chaque temps fort, à chaque bilan. Ce bilan clef ne doit jamais n’être qu’un bilan financier, tactique ou technique, mais être aussi associé à une récapitulation de ses propres états, d’une auto-analyse après-coup dans le trading qui vient de se faire. Et pour les meilleurs, ceux qu’on appelle les génies du trading, ils ne sont en réalité rien d’autre que cela: « je trade le Marché dans une auto-analyse de chaque instant » !
La psychologie du trading ne peut plus aujourd’hui rester comme un facteur de distraction ou un luxe intellectuel car elle démontre à ceux qui la travaillent des performances remarquables et un développement insoupçonné dans les méthodes et les stratégies des marchés ou de la gestion d’actifs.
Rédigé par Marc Leihris, Docteur es sciences. Consultant, analyste et chercheur. le 20/03/2018 modifié le 20/03/2018 – 17:46