
Douze mois après la première, les dirigeants de la Fed ont opté hier pour la deuxième hausse de taux directeurs du présent cycle. Il y a un an, les attentes ne tablaient pas sur un si long laps de temps entre ces deux décisions. Il faut dire que l’économie américaine a déçu en cours de route. De plus, les craintes liées à la santé de l’économie mondiale en début d’année, au référendum britannique sur le Brexit ainsi qu’à l’incertitude au cours de la période électorale ont empêché la Fed d’opter plus rapidement pour un deuxième coup de barre. La vigueur des marchés financiers depuis l’élection de Donald Trump et l’amélioration de plusieurs indicateurs économiques ont facilité la tâche des membres du comité de politique monétaire. Depuis quelques semaines, le marché à terme anticipait d’ailleurs ce mouvement de taux avec une probabilité de 100 %.
À plus court terme, la Fed ne se montre pas beaucoup plus optimiste qu’en septembre ou en novembre. Sa lecture de la conjoncture incluse dans le communiqué fait part d’une croissance modérée de l’économie. De plus, les prévisions des dirigeants de la Fed n’ont pas beaucoup changé. Ainsi, la prévision pour la variation annuelle du PIB réel au quatrième trimestre de 2016 est revue à la hausse de 1,9 % à 2,0 %. Celle de 2017 aussi, soit de 2,0 % à 2,1 %. La prévision du taux de chômage est abaissée de 0,1 % pour un taux de 4,5 % en fin d’année 2017.
Malgré cette vision prudente de l’économie, les dirigeants de la Fed prévoient que les taux directeurs augmenteront plus rapidement en 2017 avec trois hausses de 25 points de base. En septembre, seulement deux augmentations étaient anticipées. Comme en septembre, trois hausses sont aussi prévues en 2018 et en 2019.
Comme la Fed prévoit une croissance économique assez semblable en 2017 qu’en 2016, ces trois augmentations de taux prévues contrastent avec les hausses uniques de 2015 et de 2016. La faiblesse du taux de chômage les incite probablement à penser qu’ils devront presser le pas. Bien que cela soit difficilement perceptible dans ses prévisions économiques, on peut aussi supposer que la Fed compte sur un effet positif des politiques fiscales et budgétaires qui devraient être décrétées par la nouvelle administration de Donald Trump. Toutefois, les augmentations de taux envisagées divergeraient grandement de ce que devraient faire les autres grandes banques centrales, ce qui pourrait amener une appréciation additionnelle du dollar américain.
Implications
La porte était grande ouverte pour une hausse de taux à cette réunion et la Fed l’a enfin franchie. Ce mouvement était pleinement anticipé, mais le fait que la Fed prévoie maintenant trois hausses de taux directeurs en 2017 cause une certaine surprise. Rappelons toutefois que la Fed a souvent reculé sur l’ampleur des resserrements monétaires prévus. Nos scénarios tablent encore sur seulement deuxhausses de taux directeurs pour l’année prochaine.