Scor : avis de gros temps pour le réassureur ?

Dans un contexte de crise sanitaire qui a fragilisé de nombreux acteurs du secteur de la réassurance, le français Scor doit faire face à plusieurs défis sur les terrains judiciaire et de gouvernance. Des tensions qui affectent le résultat et questionnent sur la pérennité de sa politique de dividendes actuelle.

C’est sur le terrain judiciaire tout d’abord, que la tension monte autour de Scor. Le groupe d’assurance mutualiste Covéa a déposé plainte contre le PDG de Scor, Denis Kessler, devant le Parquet national financier pour « abus de biens sociaux » et « manipulation de cours » pour avoir « gonflé artificiellement son cours de Bourse et entraîné un surcoût de 31 millions d’euros », lors de la tentative de rachat de Scor par Covéa.

Des accusations judiciaires qui se doublent d’une véritable crise de gouvernance pour Scor avec la fronde des fond activistes Gouvernance en action et Ciam. Ce dernier se prépare notamment à critiquer lors de l’Assemblée générale du groupe la rémunération de Denis Kessler et son impact sur la santé financière de l’entreprise et le calendrier de sa succession. Ces deux crises (judiciaire et de gouvernance) au sein du groupe de réassurance s’expliquent peut-être par une situation moins facile que ne le laisse penser le cours en bourse de la société, qui a progressé de 15% depuis le début de l’année.

Des analystes pointent du doigt le fait que le rendement « normalisé » (RoE normalisé) de Scor, semble globalement satisfaisant depuis plusieurs années : 10,6% en 2020, 9,0% en 2019, 9,4% en 2018, 10,1% en 2017 et 10,4% en 2016, il cache en réalité des disparités importantes par rapport au RoE effectif, prenant en compte l’ensemble des contextes et catastrophes réelles auxquelles un réassureur est exposé.

Le RoE effectif de Scor s’établit pour sa part à 3,8% en 2020, 7% en 2019, 5,5% en 2018, 4,5% en 2017 et 9,5% en 2016. Des chiffres moins linéaires, qui font que le RoE effectif plafonne à 6,1% contre 9,9% pour le RoE normalisé, et qui posent notamment la question de la capacité du groupe à poursuivre sa politique de dividendes.

Le groupe vient en effet d’annoncer le versement en 2021 d’un dividende de 336 millions d’euros (1,80 euro par action) pour un résultat de 234 millions d’euros. Une politique de dividende que certains analystes jugent intenable sur le long-terme si le groupe de réassurance ne redresse pas le niveau de son RoE effectif.

Rédigé par Pascal Delmas / BourseTrading.info le 07/04/2021 modifié le 07/04/2021 – 11:39

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