Taille des bilans des banques centrales : la Banque du Japon approche 100 % du PIB

Un certain nombre de banques centrales n’ont pas encore amorcé leur resserrement monétaire. La Banque du Japon (BoJ) fait partie du lot. Alors que l’inflation peine encore à s’accélérer au Japon, la BoJ se voit forcée de maintenir son principal taux d’intérêt directeur à son creux historique de -0,1 % en plus de poursuivre ses achats massifs d’actifs. Le cumul des achats approche un montant équivalent à 100 % du PIB japonais. Cette barre symbolique pourrait être atteinte à l’issue du troisième trimestre, sinon au trimestre prochain. La taille du bilan de la BoJ serait encore plus élevée si elle n’avait pas modéré le rythme de ses achats en 2017 et en 2018. Officiellement, elle vise à acheter pour environ 80 000 milliard de ¥ d’actifs par année, et près de 80 % de ces actifs sont des obligations du gouvernement japonais. Le véritable rythme des achats varie toutefois selon l’atteinte d’une cible sur le taux obligataire de dix ans. La BoJ vise un taux d’environ 0 % et cela a pu être réalisé avec des achats d’actifs moins élevés en 2017 et depuis le début de 2018. La donne pourrait toutefois changer alors que les taux obligataires japonais semblent vouloir reprendre une tendance haussière, parallèlement à ce qui est observé dans le reste du monde.
 

La taille du bilan de la BoJ est nettement plus élevée que le sommet
atteint en 2014 par la Réserve fédérale (Fed) ou le niveau actuel
de la Banque centrale européenne (BCE).

À son plus haut, la taille du bilan de la Fed a légèrement dépassé 25 % du PIB américain. Elle diminue maintenant sous l’effet de l’augmentation du PIB, mais aussi en raison du délestage graduel d’actifs amorcé en octobre 2017. Quant à la BCE, la taille de son bilan devrait plafonner aux environs de 40 %. Il est prévu que les achats d’actifs de la BCE diminueront à seulement 15 milliards d’euros à partir du mois prochain et qu’ils seront arrêtés complètement à la fin de l’année. La taille du bilan devrait ensuite se dégonfler lentement avec l’augmentation du PIB.

La Banque du Japon se démarque par rapport aux autres principales banques centrales

Quels implications ?

Même s’il s’agit surtout d’une barre symbolique, le fait que la BoJ ait réussi à acheter autant d’actifs amène tout de même quelques réflexions. Entre autres choses, nous pouvons nous demander s’il existe vraiment une limite à l’expansion des bilans des banques centrales. En fait, cette limite découle probablement de la quantité d’actifs disponibles sur le marché. Le gouvernement japonais cumule une dette importante, à plus de 200 % du PIB, ce qui est nettement plus qu’aux États-Unis ou en zone euro. Advenant une nouvelle récession et une reprise des achats d’actifs par la Fed et la BCE, on pourrait difficilement penser qu’elles pourraient atteindre une taille de bilan aussi élevée qu’au Japon à moins de compter fortement sur l’achat d’autres actifs, comme des obligations d’entreprises ou des actions. Cela pourrait toutefois générer d’importantes distorsions sur les marchés.

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